samedi 26 mai 2012

La porte ou l'escalier


Clémenceau disait : le meilleur moment dans l’amour, c’est quand on monte l’escalier.

Je ne suis pas d’accord.

D’abord parce que je prends l’ascenseur. Pas par flemme, mais pour éviter d’arriver hors d’haleine à l’étage où on m’attend.
Ensuite, parce que pour moi, le meilleur moment avant une rencontre, c’est devant la porte, juste avant de frapper.

C’est le moment que j’attends, parfois depuis longtemps et il va bientôt prendre forme, sortir du fantasme, devenir réalité.

Elle s’est préparée pour moi : maquillée, discrètement parfumée, a revêtu un élément de lingerie qui m’est encore inconnu et qui me troublera avant d’être trop vite enlevé.

Et derrière cet écran de bois sur lequel je m’apprête à frapper, elle m’attend.

Dieu sait à quoi elle pense. Peut-être est-elle aussi impatiente que moi. Peut-être me regarde t’elle par l’œilleton, sans comprendre pourquoi j’attends.

Allez, je frappe.
Petit remue-ménage dans l’appartement.
Non, elle n’était pas en train de m’observer, mais elle vérifie maintenant que c’est bien moi.

La porte s’ouvre. Elle reste cachée derrière, probablement dans une tenue qu’il vaut mieux que ses voisins ne voient pas.

J’entre.

La porte se referme derrière moi.

Je me retourne.





Et vous, que préférez-vous : la porte ou l’escalier ?

jeudi 24 mai 2012

Submergée

Encore une photo un peu mystérieuse, mais moins high key cette fois.


J'aime bien le cadrage et la gestion du reflet qui mettent bien en valeur ce petit détail.
En plus, avouez que devant une telle disposition on n'a qu'une envie : jouer avec !


mercredi 23 mai 2012

Lester et moi



Ce post est inspiré par ce texte d’Usclade. Mais il était en gestation depuis un moment, en fait après avoir revu American Beauty.

Ce film m’avait laissé un assez bon souvenir quand je l’avais regardé pour la première fois. J’étais alors dans la dizaine précédente et pas réellement concerné (me disais-je) par les déboires du héros, Lester Burnham.

Mais en le revoyant au début de cette année, j’ai été troublé. Lester à le même âge que moi. Comme moi il se voit enfermé dans une petite vie familiale tranquille, rassurante et ennuyeuse. Comme moi il se remet au sport et tente de changer les choses (de façon assez chaotique).

Les points communs s’arrêtent là. Je ne pense pas être dans une situation aussi désespérante que Lester, dans pas mal de domaines. J’ai fait des choix tant professionnel que personnel qui m’ont épargné de sombrer aussi bas.
Et je n’ai pas acheté de Pontiac Firebird 1970 rouge, mais j’avoue que j’aimerais bien une Triumph TR6 « British Racing green ».

Caroline n’a pas aimé le film, officiellement parce qu’elle a trouvé la fin glauque. À mon avis, la vraie raison est la même que celle qui me le rend aussi sympathique : il nous renvoie une image de nous-mêmes qui n’est pas flatteuse, mais assez juste et montre qu'on peut toujours changer les choses, même s'il y a un prix à payer.

"There is no fate, but what we make"
(une sentence tirée d'un film totalement différent !)

lundi 21 mai 2012

L'oeil et le masque

La source de ce post est une photo envoyée par Dita, issue sans doute de la même collection que celle dont elle nous régale dans son Boudoir.
J'ai également envoyé une photo à Dita, vous pourrez donc aller voir ce qu'elle lui a inspiré.


Voici donc la photo qu'elle m'a soumise.



Et le texte qui en est inspiré.

L'oeil et le masque


Comme à chaque fois, Marc était fébrile, le regard rivé sur son téléphone, posé sur la petite table.
Il avait tout revérifié 10 fois. Sans raison, puisque « jouant à domicile », il pouvait difficilement être pris en défaut.
Et maintenant il l’attendait. Elle était un peu en retard et il commençait à douter qu’elle viendrait. Pourtant elle avait eu l’air enthousiaste, par mail d’abord, puis par téléphone.

Il sursauta presque lorsque l’écran de l’iPhone s’anima. Un simple SMS.
« Je suis devant le 32 »
Il lui donna le code et attendit qu’elle monte les étages, se rapprochant de la porte le cœur battant.

Lorsqu’elle frappa enfin, il se donna quelques secondes pour se rasséréner. Il devait avoir l’air calme, sûr de lui, professionnel.
Il prit une grande inspiration et ouvrit.

Elle était aussi jolie que sur les photos, un peu plus grande qu’il ne l’avait imaginée, maquillée comme il le lui avait demandée et l’air un peu curieuse.

Il balbutia quelques mots et la fit entrer. La débarrassa de sa veste. Dans le petit studio, le radiateur soufflait et la température était tiède, presque trop chaude. Il lui offrit un café et ils échangèrent quelques banalités pendant qu’elle le buvait. Elle avait amené son book, mais il le connaissait déjà presque par cœur. Il lui montra son portfolio. Elle l’examina avec une petite moue appréciative et toujours cet air un peu inquisiteur.

Cela faisait maintenant presque 20 minutes qu’elle était là. Ce fut elle qui demanda « on commence ? ».
Marc acquiesça.

Il la regarda distraitement se déshabiller et mettre le peignoir en soie qu’il avait préparé. Puis il tendit le bras vers la table, referma ses doigts sur son boitier et passa la courroie autour de son cou. Le poids du lourd reflex dans sa main, la texture du grip sous ses doigts, la tranquillité froide du métal le rendaient plus sûr de lui.

Il se sentit beaucoup mieux, le visage caché derrière le viseur, absorbé par ses cadrages, le réglage de ses flashes de studio, la direction de son modèle. Il prenait quelques vues, regardait le résultat sur l’écran arrière, partait sur une autre idée, cadrait de nouveau, son esprit travaillant avec régularité, au rythme des déclenchements. Complètement absorbé, il utilisait au mieux le temps qui lui était imparti, reprenant dans l’ordre les idées qu’il avait notées avant qu’elle n’arrive, les accessoires qu’il avait préparés.
Elle se prêtait docilement au jeu, comprenant presque instantanément ce qu’il attendait d’elle, prenant quelques initiatives, le regard vif, souvent braqué droit sur l’œil noir de l’objectif qui la fixait.

Il remarqua à peine qu’elle se tenait souvent trop près de lui, le frôlait, comme à dessein et affectait une complicité un peu excessive.

Ce fut elle qui suggéra cette pose, allongée sur le dos, les yeux clos derrière le masque qu’il lui avait donné.
Il prit une première vue, puis sous exposa un peu et ouvrit le diaph pour diminuer la profondeur de champ. Elle allongea une de ses jambes juste avant qu’il ne déclenche. En regardant le résultat sur l’écran arrière, il sut confusément que ce serait cette vue qu’il retiendrait. Tout semblait parfait : son attitude abandonnée, l’éclairage latéral qui dessinait parfaitement ses courbes, la profondeur de champ réduite qui floutait légèrement ses seins, son visage perdu dans l’ombre du masque...

Elle le lui confirma quelques minutes plus tard alors qu’ils regardaient ensemble les photos qu’il venait de décharger et faisaient un premier éditing. Même en grande taille sur son écran, celle là était parfaite.

Elle semblait contente de la séance et resta longtemps à discuter avec lui, semblant attendre quelque chose. Marc, toujours dans son trip, ramenait immanquablement la discussion à la photo, sa passion.

Lorsqu’elle partit, il faisait nuit. Juste avant de sortir, sur le pas de sa porte, elle lui fit la bise, restant un peu plus longtemps qu’elle n’aurait dû en le regardant droit dans les yeux. Puis la porte se referma.

Marc retourna à son poste de travail. Le visage éclairé par l’écran, il poursuivit le tri de ses photos. L’excitation de sa visite, du shooting qu’ils venaient de faire retombait peu à peu. Il sentit une boule lui monter peu à peu au fond de la gorge à mesure qu’il se remémorait les détails de son attitude en regardant les photos qu’il affichait une à une à son écran.
Il sentait confusément qu’il avait raté quelque chose.
Il attrapa son téléphone presque distraitement, hésita, le cœur battant, puis le reposa. Il était trop tard pour la rappeler maintenant, elle devait être dans le métro, à mi-chemin de chez elle.
Un peu de son parfum flottait encore dans la pièce.

Marc se leva, rêveur, et se dirigea vers sa cuisine. La journée avait été longue et il devait penser à autre chose qu’à son loisir préféré maintenant. La photo qu’il avait choisie resta affichée à l’écran quelques instants, seule source de lumière dans la pièce obscure. Puis l’écran s’éteignit.

samedi 12 mai 2012

High key






Curieux comme cette photo semble mystérieuse quand on la regarde de loin, même on devine clairement de quoi il s'agit. L'oeil qui se fond dans le clair du bras, les différentes courbes qui définissent le triangle central...
Comme quoi on peut créer du mystère sans mettre le sujet dans l'ombre.

samedi 5 mai 2012

L5

Salope
Connasse

Enflure qui me pourrit la vie depuis au moins 3 ans, m'empêche de faire ce que je veux, me fait mal comme c'est pas humainement possible, résiste à toutes les attentions que je peux lui porter, n'a que faire de tous les exercices que je peux faire pour la calmer, me donne la démarche d'un vieillard et me fait dépenser un pognon dingue non remboursé par la sécu.

Je hais ma cinquième lombaire.

vendredi 4 mai 2012

Changements

J'ai recommencé à courir

J'ai repris les pompes, les abdos et je fais joujou avec de la fonte plusieurs fois par semaine

Je surveille ce que je mange (bien plus qu'avant)

J'ai entrepris de manger 5 fois par jour

J'ai perdu 3 kgs en quelques semaines et me maintiens à un poids stable depuis

J'ai pris des rides (que j'assume)

J'ai rasé ma barbe

J'ai changé de coiffure

J'ai changé ma façon de m'habiller

J'ai changé de boulot : suis passé d'indépendant à gérant associé

J'ai changé mon attitude par rapport à Caroline


Bref, je me tape la quintessence de la crise de la quarantaine.

Et lors d'une réunion des anciens d'une société où j'ai travaillé, ce jeune con a osé me lancer : "Ouah, c'est dingue, t'as pas changé d'un pouce, je t'aurais reconnu tout de suite !"

Je l'aurais bouffé.